COURTELINE

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COURTELINE GEORGES MOINAUX dit (1858-1929)

Après s’être essayé à plusieurs genres littéraires, c’est en tant qu’auteur de petites comédies gaies que Georges Courteline a connu le plus de succès et qu’il a dominé le théâtre comique des années 1900. Il doit peut-être à son père, le chroniqueur humoriste de La Gazette des tribunaux , Jules Moinaux, ses dons innés pour l’observation et la caricature. Très tôt, en 1881, Courteline fonde une revue éphémère, Paris moderne . La même année, il est enrôlé au 13e régiment de chasseurs à Bar-le-Duc. À son retour du service militaire, il entre comme employé au ministère des Cultes. Ces deux premières expériences seront pour lui une source inépuisable d’inspiration. Il avait déjà publié sous un pseudonyme des contes très conventionnels; désormais, il romance ses souvenirs de caserne et en extrait de véritables satires de l’armée sous forme de romans drôlatiques: Les Gaîtés de l’escadron (1886), Le Train de 8 heures 47 (1888), Lidoire (1891). La notoriété qu’il connaît alors lui permet d’abandonner son emploi, après quatorze ans de service. Sa vie sera dès lors partagée entre l’écriture, les promenades dans Paris, et la fréquentation des cafés des grands boulevards, lieux de la capitale les plus courus à cette époque. À la critique des «sous-off», succède celle des fonctionnaires bureaucrates dans Messieurs les ronds-de-cuir (1893). Il vise encore les gens de justice: Un client sérieux (1896), Le commissaire est bon enfant (1899), Le gendarme est sans pitié (1899), L’Article 330 (1900), Les Balances (1901). Sa principale cible est surtout le petit bourgeois enfermé dans ses petitesses et ses mesquineries, frustré par un perpétuel sentiment d’infériorité. C’est le sujet de Boubouroche (1892), nouvelle considérée comme son chef-d’œuvre, et de nombre de piécettes: La Peur des coups (1894), La Cinquantaine (1895), Le Droit aux étrennes (1896), Monsieur Badin (1897), Hortense, couche-toi (1897), Théodore cherche des allumettes (1897), La Voiture versée (1898), Les Boulingrins (1898), La Paix chez soi (1903), et La Cruche (1909). En effet, dès 1891, venu par un heureux hasard au théâtre, sur les conseils d’Antoine qui lui demande d’écrire une comédie pour égayer le répertoire du Théâtre-Libre, Courteline se plaît à faire passer sur la scène ses personnages. D’emblée, il possède le sens du théâtre. Il avait déjà prouvé, dans ses contes, son art du dialogue et de l’intrigue, avec ses retournements de situation. Sur les quelque cent piécettes qu’il écrivit, soit seul, soit avec des collaborateurs ou des adaptateurs, Courteline ne va jamais au-delà des trois actes de La Cruche . D’ailleurs, sa profession de foi est: «Un acte, un seul acte, voilà ma mesure au théâtre.» En 1912, Courteline revient une dernière fois au roman avec Les Linottes , puis, considérant «qu’il n’avait plus rien à dire», il se retire dans le silence, rompu seulement par la publication, en 1917, d’un recueil de pensées et de boutades: La Philosophie de Georges Courteline .

Auteur comique, Courteline se place dans la lignée de la farce du Moyen Âge et de Molière. Il ignore l’héritage des vaudevillistes et se distingue des faiseurs de pièces à thèse qui envahissent le théâtre à son époque. Le rire que provoque Courteline et le regard qu’il porte sur ses contemporains ne doivent rien aux procédés et conventions de ces genres. Peintre indulgent de la réalité quotidienne, il s’attaque aux ridicules et aux travers de son temps. L’essentiel de son comique tient à sa verve caricaturale. Il crée des types de personnages rapidement esquissés mais qui n’en perdent pas pour autant leur relief: qu’ils soient médecins, rentiers, militaires, avocats, ils appartiennent tous à l’humanité moyenne, à la médiocrité. Leurs noms, Barbemolle, Landhouille, Labourbourax, sont révélateurs de leur sottise. De cette bouffonnerie apparente se dégage une certaine amertume: la vision du monde et de la société chez Courteline repose sur un fond de pessimisme qui ne perd jamais toutefois son côté bon enfant. Même s’il ne s’est pas révélé grand créateur, Courteline doit son renom à ses qualités d’observation et à la vivacité de sa satire.

Courteline
(Georges Moinaux, dit Georges) (1858 - 1929) auteur français de comédies satiriques: les Gaîtés de l'escadron (1886), Messieurs les ronds-de-cuir (1893).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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